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Des milliers d’emplois pour une agriculture sans pesticides

La tête pleines de rêves mais les pieds sur terre

Nous étions des néo-ruraux idéalistes, raconte aujourd’hui Charles. Nous n’avions jamais visité de ferme en permaculture avant de nous installer !

Perrine et Charles Hervé-Gruyer

agriculture sans pesticides

A l’origine, c’est pour leurs enfants que Perrine et Charles Hervé-Gruyer décident de s’installer à la campagne.

Perrine était juriste internationale, basée en Asie ; lui, écrivain et navigateur, parcourait le monde à la découverte des Indiens. Le couple s’est formé pour être psychothérapeutes avant de décider d’aller vivre à la campagne pour retrouver le lien avec la nature.

Ils en sourient encore. Au début, Perrine mettait des gants en plastique pour éviter de toucher la terre. Aujourd’hui, elle fait son pain avec les mêmes micro-organismes qu’elle donne à la terre afin de l’enrichir.

Les deux premières années sont très difficiles. Le couple dépense toutes ses économies. C’est pour trouver des solutions, qu’ils se sont tournés vers le monde anglo-saxon. Perrine s’est rendue en Californie, puis à Cuba.

Elle en revient avec des techniques parfois inconnues en France, qui sont à présent appliquées sur leur ferme. Ces techniques permettent d’augmenter la production, jusqu’à un niveau très élevée. Et cela, malgré de petites surfaces ! De quoi donner du fil à retordre aux critiques de l’agriculture biologique.

Des rendements excellents relevés par l’INRA

peut-on vraiment nourrir le monde sans utiliser d’engrais chimiques, sans pesticides ou herbicides ?

La question est récurrente, pour y répondre, la ferme du Bec Hellouin a noué un partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique (l’INRA) et l’école AgroParisTech. L’idée est simple : quantifier tout ce qui entre et sort de 1 000 mètres carrés de la ferme, isolés virtuellement. Combien d’heures de travail ? Quels outils sont utilisés ? Combien coûtent-ils ? Quels engrais naturels sont apportés ? Et finalement : combien de légumes et fruits sont récoltés pour quel chiffre d’affaires généré après vente ?

Les premiers résultats tombent au milieu de l’année 2013 : sur 1 000 mètres carrés, il a fallu 1 400 heures de travail annuel pour générer 32 000 euros de chiffres d’affaires.

Pourtant, l’année ne fut pas des plus propices. Après déduction des charges (semences, engrais), l’amortissement de l’outillage et des équipements (serres) ; le rapport de l’ingénieur agronome constate :

même après une année médiocre, avec des personnes sans grande expérience en maraîchage, il est possible de dégager un revenu de l’ordre du Smic

Sachant que de nombreuses améliorations sont encore possibles pour augmenter les rendements. Il y a de quoi faire pâlir d’envie nombre de petits producteurs :

dans une ferme traditionnelle, en maraîchage, on obtiendrait ce chiffre d’affaire sur un hectare, indique Charles.

La différence est de taille, dix fois moins de surfaces sont nécessaire en permaculture… et sans gazole ! Sans engin agricole, sans besoin d’acquérir de grandes surfaces de terres, les coûts de production sont faibles. L’étude se poursuit et est reproduite dans d’autres endroits de France avec des personnes qui s’installent pour la première année. Les rendements semblent toujours augmenter et laisser entrevoir de nouvelles perspectives.

La micro-ferme du futur : un million d’emplois possibles

La Ferme emploie huit permanents. Production, recherche, formation : tout le monde est polyvalent. Une véritable ruche. La structure accueille aussi des stagiaires et des porteurs de projet qui souhaitent se former à la permaculture. L’idée est de transmettre des techniques et des connaissances. Et d’éviter ainsi aux « étudiants » de répéter les erreurs que Charles et Perrine ont commises.

agriculture sans pesticides

Un peu partout, à la campagne comme à la ville, des micro-fermes comme celle du Bec Hellouin pourraient voir le jour.

Je pense que les gens vont venir à la terre à temps partiel. On peut se lancer quasiment sans investissement, du jour au lendemain, suggère Charles.

Il estime également qu’un million de micro-fermes pourraient être créées, en France, dans les prochaines années. Soit un million d’emplois possibles :

1 000 m2 cultivés en maraîchage bio permaculturel permettent de créer une activité à temps plein, d’après l’ingénieur Sacha Guégan. C’est un métier dur, rappelle Charles, mais nous vivons chaque jour dans la beauté de la nature qui nous entoure.

L’agroécologie : une solution connue et reconnue

Dans le rapport: Agroécologie et droit à l’alimentation (consultable ici en anglais), présenté à Genève en 2011, devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, il est exposé  :

le rapport démontre que l’agroécologie, si elle est suffisamment soutenue, peut doubler la production alimentaire dans des régions entières d’ici 10 ans, tout en atténuant le changement climatique et la réduction de la pauvreté rurale.

Ce rapport est un appel aux États pour un virage fondamental vers l’agroécologie. C’est le seul moyen connu et viable, pour les pays de nourrir leurs populations tout en apportant des éléments de réponses aux problèmes d’envergure que sont la pollution et le dérèglement climatique, la pauvreté et la malnutrition.

L’agroécologie en général et la permaculture peuvent également, sans aucun conteste possible, participer à l’amélioration de la santé publique dans les pays pratiquants l’agriculture intensive. Car on ne peut s’empêcher de penser que cette approche productiviste, qui est encore pratiquée majoritairement de nos jours, empoisonne les consommateurs, pollue la terre et l’eau, et tue les agriculteurs depuis des dizaines d’années.

C’est ce que nous dénoncions dans l’article : Qui sème les pesticides récolte le cancer. Les seuls bénéficiaires du système de production agricole intensif sont les grands groupes de l’agroalimentaire et les investisseurs financiers. A n’en pas douter, eux aussi évitent de manger les produits alimentaires avec lesquels ils font de l’argent ; tout comme certains agriculteurs le font, pour préserver leur santé et celle de leurs proches.

Sources : 

Vous pensez vous aussi qu’il n’y a pas de raison d’attendre davantage pour généraliser la permaculture et d’autres techniques de l’agroécologie ? Dites-le sur les réseaux sociaux : 

15 commentaires
  1. Nicolas dit

    Bonjour, Merci pour cette article.

    C’est le genre d’idée qui me motiverait pour me lancer mais est ce possible sans avoir de diplôme dans le domaine agricole?

  2. thierry Hoffnung dit

    Intéressant sur le plan écologique et de l’épanouissement indiiduel…ok il est dit que l’on peut générer un smic….qui peut aujourd’hui vivre correctement, élever des enfants etc avec ce salaire?

    1. Fabrice Renault dit

      je pense qu’il est possible de diminuer ses besoins financiers, en diminuant ses dépenses. C’est réalisable, pour peu qu’on y réfléchisse sérieusement. Chacun créé son style de vie et les dépendances qui s’y rattachent, notamment financières. On est bien le seul maître de ses propres dépenses, et donc en grande partie responsable du niveau de salaires nécessaire à satisfaire à nos besoins ET… nos envies

      1. laurence dit

        Oui,je suis d’accord avec vous.Tout est là.Mieux définir nos besoins et nos envies

    2. Laura Simonetti dit

      Il est précisé que c’est le salaire généré pour une surface de 1000 m² (et pour une année médiocre); il me semble qu’en général les surfaces de production sont beaucoup plus étendues, le smic doit donc être un minimum.
      Qui plus est, il y a une part du budget alimentation « classique »qui peut être dédié à autre chose quand on produit ses propres fruits et légumes.

    3. Dubos anna dit

      C’est quoi bien vivre finalement… C’est toute la question. Beaucoup de choses inutiles nous avons, oubliant souvent l’essentiel.

  3. Cindy R dit

    Vous avez entièrement raison, cette réponse est parfaite.
    La dépendance à la sur consommation c’est ça le drame.

    1. Fabrice Renault dit

      il n’y a plus qu’a ! Si de plus en plus de personnes créent leur propre jardin en permaculture, d’office la consommation des produits de la grande distribution seront moins achetés. Si en plus ces personnes vendent leurs surplus sur les marchés par exemple, il y a de quoi faire sérieusement réfléchir les autres producteurs qui verront leurs ventes baisser.

  4. longa Isabelle dit

    Je n’attendais que ca, propriétaire de terres agricoles, vivant à Paris, ne connaissant rien à l’exploitation, mais curieuse et désireuse d’en savoir plus. A bientot

    1. Patrick dit

      Isabelle si tu as des terres faisons equipe et tu verras Paris serait lointain car la campagne te comblerait . J’attends !!

  5. lemaire dit

    bonjour, j’ai très envie de me rediriger professionnellement autrement. je suis depuis des années engagé dans le social et humanitaire. j’ai toujours était attiré par le jardin potager et j’ai pu exploiter cela.Aujourd’hui je souhaite suivre une formation agriculture bio.. pouvez vous me renseigner SVP?

    1. Fabrice Renault dit

      Peut-être pourriez-vous commencer par lire l’ouvrage de Charles Hervé-Gruyer sur la permaculture dont vous trouverez les références sur https://www.fermedubec.com/outils.aspx . Celà donne une idée du travail à réaliser.

  6. Meheust dit

    qui veut de la terre a cultiver

  7. herve dit

    bonjour,
    je pense que très peu de personnes voudraient faire ce travail laborieux. De plus, si tout le monde produit de cette manière les prix vont s’effondrer…

    1. Dubos anna dit

      Détrompez vous. Le travail de la terre est très équilibrant et quand on voit tous ces légumes délicieux pousser dans des conditions d’osmose c’est très valorisant.
      Je viens de me mettre à la permaculture, pas la peine de faire le lycée agricole. Quelques bons sites, du bon sens et on se lance.

Les commentaires sont fermés.

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