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L’Afrique a disparu des programmes scolaires en toute discrétion

A peine croyable : en toute discrétion, l’enseignement des civilisations africaines au collège a été supprimé des programmes scolaires de 5éme. Deux historiens de renom s’élèvent contre cette décision visiblement difficile à défendre en place publique pour les décideurs et/ou concepteurs des programmes enseignés à nos enfants, aujourd’hui tronqués, mais pour quelle raison (inavouable) ?

Afrique a disparu des programmes scolaires

L’Afrique a disparu des programmes scolaires en toute discrétion

En 2010, une question consacrée aux anciennes civilisations de l’Afrique du VIIIe au XVIe siècle avait été introduite dans les programmes de la classe de 5e. Elle reflétait un souci d’ouverture de l’enseignement de l’histoire à l’ensemble du monde. Les enseignants et les chercheurs concernés s’étaient mobilisés pour intégrer et éclairer cette question sur le plan pédagogique. Et nous apprenons qu’aujourd’hui, dans les projets de programme élaborés en avril, puis en septembre 2015, que cette question a été éliminée en catimini. Depuis, rien n’a changé.

Son introduction avait suscité à l’époque une polémique grotesque, selon laquelle Louis XIV, Napoléon et Vercingétorix seraient (nous citons) les victimes des «empires du Songhaï et du Monomotapa». Quelques personnes, parfaitement ignorantes de l’histoire de l’Afrique, et dont la connaissance de l’histoire de France avait aussi ses limites, avaient médiatisé leur mauvaise foi sur des réseaux sociaux, mais aussi dans la presse et les médias publics, au nom de la défense d’un prétendu respect du «roman national».

Une exigence intellectuelle trompée par le mépris

Aujourd’hui ce même obscurantisme est donc de retour. Il ne s’agit pas de remettre en cause la priorité de l’enseignement de l’histoire de notre pays dans les collèges, mais, à une époque où, plus que jamais, la connexion avec les autres parties du monde est essentielle dans la compréhension de cette histoire, il s’agit d’ouvrir les esprits à cette réalité.

Un impératif moral, diront certains, mais d’abord une exigence intellectuelle. L’Afrique en particulier est à nos portes, les Africains sont dans notre histoire. Comment comprendre la rupture dramatique causée par la traite des esclaves, comment comprendre les implications coloniales, si l’on ignore tout de l’histoire qui les a précédées !

Quand l’école s’assoie sur les valeurs de la République et favorise les préjugés racistes

Ce ne sont pas seulement les enfants d’origine africaine, nombreux dans nos classes, qui méritent de connaître les aspects les plus brillants du passé de leurs ancêtres, mais tous les élèves si on veut leur éviter l’étroitesse de vue, les préjugés et les retombées d’un racisme hélas toujours vivace. Ce sont donc les valeurs si souvent avancées de «la République» qui sont en cause. Mais surtout c’est le respect de la discipline historique faite d’héritages et de ruptures, mais aussi, à chaque époque, de connexions, proches ou lointaines, qui est en jeu.

Le retrait de la question d’histoire africaine en classe de 5e résonne comme un signal de repliement, d’ignorance et de mépris. Les responsables de la rédaction de ces programmes doivent reprendre leurs esprits, ne pas se laisser intimider par des préjugés d’un autre âge et rectifier cet étrange «oubli».

Finalement, la France sait justifier chacune de ses interventions militaires en Afrique, mais souhaite que ses enfants ne connaissent rien des peuples si diverses qui composent ce continent fascinant. Aujourd’hui, un peu plus qu’hier, ma fierté d’être Français s’effrite, tel ce programme scolaire que l’on dépouille de son contenu… mais au nom de quoi ? A chacun de trouver sa réponse dans ce dédale de lâcheté où l’ignorance est contrôlée, la pensée façonnée et la vérité trop souvent cachée.

Sources : d’après un article paru sur liberation.fr, signé par l’Historien Jean-Pierre Chrétien et Pierre Boilley Professeur d’histoire de l’Afrique contemporaine à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, Institut des mondes africains

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10 commentaires
  1. Mithra dit

    C’est une honte pour un territoire reconnu universellement comme le berceau de l’humanité !

  2. Wikofred dit

    Ce n’est pas plus mal, les enfants devraient déjà connaitre leur histoire, celle de France au lieu prioritairement des autres. Partir du principe qu’il y a chez nous des enfants d’africains auxquels il fallait apprendre l’histoire de leurs ancêtres c’est pour moi un non sens et surtout une entreprise pour démolir encore plus une école de la République qui se communautarise en même temps qu’elle décline irrémédiablement. Cependant la réforme actuelle du collège est là encore un crime contre l’éducation.

    1. Fabrice Renault dit

      l’histoire de France est liée à celle de l’Afrique, il est bien de connaître les deux

    2. Kramoba dit

      Lorsqu’il s’agit d’assumer le passé colonial de la France, l’élite française fait preuve de lâcheté incroyable. Au moment où le monde est de plus en plus ouvert, seuls, des gens bornés ont de tels réflexes, celui de la réclusion et du refus de l’ouverture.

    3. IBB dit

      L’histoire fait partie de ses cours qui nous donne par le suite un peu de sens critique. J’ai peur que sous couvert de soit disant revenir à un peu plus d’histoire de France, on passe ce temps a des occupations qui réduisent encore ce sens critique. Les moutons sont toujours plus facile à gérer / manipuler.

    4. MarKO dit

      c’ est bien de se connaitre soi-meme, c’est indispensable de connaitre autre chose que soi-meme

    5. sangoku dit

      « c’est pour moi un non sens et surtout une entreprise pour démolir encore plus une école de la République qui se communautarise en même temps qu’elle décline irrémédiablement »

      Est ce que le communautarisme actuel de certaines personnes ne vient pas du fait que la France ne reconnait pas ces africains comme faisant partie intégrante de ce pays?

      « les enfants devraient déjà connaitre leur histoire »
      Mais l’histoire de l’Afrique fait partie de l’histoire de France pourquoi ne voulez vous pas comprendre cela?

      Je crains qu’avec des discours clivants comme le vôtre le communautarisme ne fasse qu’empirer.

      Comment expliquer l’arrivée des travailleurs nords africains pour la reconstruction de la France? Ils ne sont pas arrivés par hasard?
      Comment expliquer la présence de tirailleurs sénégalais dans l’armée?
      Comment expliquer que le français soit une langue parlée aujourd’hui en France , en Inde ( ouh là là il va falloir parler de ça aussi à ces élèves!)
      (Oui parce que Pondicherry n’est pas juste un nom exotique qu’on trouve dans les annales du bac )

      Comment expliquez VOUS que la France est un pays multiculturel aujourd’hui??

      Au plaisir de vous lire,

  3. isis dit

    Permettre à nos enfants de s’ouvrir sur l’ histoire d’autres civilisations et un pas vers un monde plus fraternel . c est leurs permettre de mieux comprendre le monde actuel .

  4. Manu2005 dit

    Alors, racisme ou ouverture vers notre passé… Ben, moi, je dirais culture. Point.
    Peu importe la raison que l’on y met, la culture de l’Afrique c’est de la culture. Et rien que pour ça, elle a sa place dans l’histoire. Au même titre que celle de l’Asie ou de l’Amérique. Et du reste du monde.
    Tout le reste n’est que préjugé. Et inculture.

  5. Dalila lagrafe dit

    Programmer l’histoire africaine, c’est reconnaître ses erreurs dans un passé trop récent

Les commentaires sont fermés.

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