L’ADOLESCENCE : période difficile à haut risque identitaire

L’adolescence, période difficile de la vie s’il en est une, est marquée par une transition importante. Le jeune adulte en devenir hésite entre deux attitudes contradictoires : tantôt il se conduit encore en enfant et ne pense pas aux conséquences de ses actes, d’autres fois il peut faire preuve d’une grande maturité.

Chez un adolescent, cette crise peut se manifester par un abandon de sa pratique sportive par exemple, et par la remise en cause des valeurs auxquelles ses parents et ses professeurs sont attachés. D’autres sont convaincus que tout ce que disent les adultes est ringard ; c’est pourquoi ils rejettent toutes les valeurs familiales et se retrouvent sans aucun point d’ancrage.

A cette étape de faible tolérance, les adolescents ont honte de leurs parents et imaginent des moyens de s’opposer à eux ; parfois ils fuguent, plaquent l’école et peuvent même faire une tentative de suicide. Ils ont la haine d’eux-mêmes.

Pour pouvoir quitter le toit familial et pour être capable de se forger ses propres valeurs, l’adolescent doit souvent traverser d’autres crises. Il va entre autres choses possibles, porter des jeans déchirés, avoir une coiffure voyante ou encore, se mettre à faire des dépenses extravagantes : c’est le moyen pour lui d’affirmer sa personnalité.

Anna Freud disait à ce propos « qu’à l’âge adulte, un comportement créateur de tels conflits serait considéré comme névrotique ou même comme étant à la limite de la psychose, mais que chez un adolescent le conflit est un état normal« . Erikson explique que si ces conflits ne sont pas résolus pendant l’adolescence :

adulte il continuera à prendre des décisions en se basant seulement sur ce que dit une autorité. Ou bien, au contraire, il s’opposera aux valeurs que cette autorité soutient et qu’il considérera à priori comme dépassées. Il agit donc par réaction.

Les souvenirs positifs et négatifs à l’étape de l’identité

Erikson décrit trois choses comme particulièrement importantes à l’époque de l’adolescence:

  1. le développement sexuel
  2. le fait d’appartenir à un groupe de copains
  3. la formation de ses propres valeurs morales

La guérison des souvenirs ne signifie pas que nous oublions les événements douloureux mais plutôt que nous ne ressentons plus la souffrance et les conséquences mutilantes qu’ils ont entraînées.

L’ image sexuée de soi-même

Les hommes et les femmes forgent leur identité sexuelle de manière différente. Durant leur enfance, les filles prennent conscience de leur identité sexuée dans la continuité de celle de leur mère et en lien avec elle. Alors que les garçons, pour pouvoir définir leur identité masculine, doivent d’abord se sentir différents et séparés de leur mère. Cependant, ces différences dans la formation de l’identité ne proviennent pas seulement des relations avec la mère mais aussi des différences physiques.

Au niveau de l’approche de la vie, les hommes font des choix éthiques en se basant sur les droits individuels, alors que les femmes, pour faire leurs choix, cherchent à maintenir un tissu relationnel. Erikson et d’autres, affirment que les femmes mettent l’accent sur les relations, la coopération, la réceptivité et l’intériorité, tandis que les hommes attachent beaucoup d’importance à la séparation, l’autonomie, la compétition, l’intrusion et l’extériorité.

Il s’agit bien sûr d’une généralisation et chaque personne est profondément différente des autres et possède, une identité sexuelle complémentaire de son identité sexuelle dominante : les femmes ont donc un côté masculin (animus) et les hommes un côté féminin (anima).

Ces différences influencent fortement notre conception des valeurs, notre perception de la réalité dans les domaines de l’éducation, la psychologie, la religion, la recherche scientifique. Ainsi les femmes fondent généralement leur identité sur la relation avec les autres, alors que souvent les hommes fondent la leur sur l’individualisme et l’autonomie.

Erikson – comme la plupart des écoles de psychologie – attache beaucoup d’importance à tout ce qui permet d’accroître l’autonomie et l’indépendance de la personne. L’autonomie et l’indépendance impliquent la séparation, qui est le modèle de la maturité. Ce modèle de la maturité est souvent attribué aux hommes puisqu’ils ont développé en eux la capacité de vivre par eux-mêmes. Alors que les femmes, qui ont développé une autre dimension, souvent oubliée, à savoir la capacité de nouer des relations, sont considérées comme immatures parce qu’elles demeurent dans la dépendance.

La guérison de l’adolescence

Les blessures d’ordre sexuel ne constituent qu’un type de blessures parmi tant d’autres qui se manifestent au cours des années agitées de l’adolescence. Lors d’un sondage qui a été fait auprès d’adolescents fréquentant la consultation d’une clinique universitaire, ces derniers ont dressé une liste des principales blessures subies :

  1. Redoublement d’une classe 34%
  2. Disputes entre parents 28%
  3. Maladie grave d’un membre de la famille 28%
  4. Rupture avec un(e) petit(e) ami(e) 24%
  5. Perte d’un ami intime 17%
  6. Disputes avec les parents et les frères et sœurs 21%
  7. Tension provoquée par la maladie ou un accident l6%.

Beaucoup d’adolescents cherchent à atténuer leurs souffrances en ayant recours à la drogue, à l’alcool ou en ayant des relations sexuelles. Ce qui a généralement pour résultat d’aggraver leurs problèmes.

Mais la bonne nouvelle est que l’adolescent peut guérir de cette période de stress et devenir un adulte équilibré.

Les 8 étapes  du développement de l’être humain

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