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« Ne parlez pas, à moins que vous puissiez améliorer le silence »

En 2017, je vous ai présenté l’ouvrage “Espèce d’abrutis, ou le réveil de l’humanité” à travers différents articles (liens en bas de page). Ainsi, nous avons ouvert notre esprit à plusieurs nouvelles approches simples et accessibles afin de les intégrer dans notre vie quotidienne. Le présent article se propose de nous emmener un peu plus loin encore. Après avoir ralenti pour évoluer à un rythme plus naturel, après avoir tenté l’immobilité pour observer nos pensées, après avoir réuni corps et esprit grâce au yoga… Nous voilà prêts à franchir un nouveau pas, forts de ce plus haut état de conscience auquel nous parvenons désormais à accéder. Bienvenue à la parole consciente.

améliorer le silence

« Ne parlez pas, à moins que vous puissiez améliorer le silence »

La Parole Consciente

Toutes les espèces vivantes de la planète communiquent entre elles d’une manière ou d’une autre. L’être humain ne fait pas exception. Le besoin de communiquer est même primordial à son équilibre psychologique et, par conséquent, à son bien-être. Il répond comme tous les êtres vivants à cette pulsion sociale. Rien de plus normal.

Cependant, comme toutes les activités humaines aujourd’hui, et sans que chacun(e) en soit réellement conscient, l’acte de parler est tombé dans l’excès. N’observez-vous pas comme nous pouvons nous sentir obligés de nous exprimer sans arrêt, sur tout, sur rien, à chaque instant ? Ici aussi, comme dans tous les autres domaines du monde que nous avons élaboré au fil du temps, la qualité a laissé la place à la quantité. Tout l’espace de silence qui nous entoure naturellement doit à présent être occupé au plus vite par des paroles, sans quoi, sans que nous ne sachions vraiment pourquoi, nous sentons comme un malaise se créer, en particulier lorsque nous sommes en compagnie d’autres personnes.

Ne serait-il pas intéressant de s’interroger sur le « pourquoi » ?

L’apprentissage de l’excès

Une fois de plus, tout a commencé principalement durant notre scolarité. Rappelez-vous… Que vous était-il demandé d’acquérir comme capacités pour être bien évalué ? Répondre vite à la question posée. Restituer rapidement vos connaissances en faisant appel essentiellement à votre mémoire, et non à votre réflexion personnelle qui, quant à elle, aurait exigé bien plus de temps.

Mais ce temps n’était pas accordé, ou trop peu souvent. Votre instituteur, votre professeur, avait lui aussi un temps donné chaque journée pour vous faire mémoriser tout ce savoir. Il avait un programme à respecter. Ses propres heures étaient comptées. L’éducation était minutée.

Il n’est donc pas étonnant que nous ayons développé insidieusement cette volonté de vouloir constamment être dans la réaction orale, plutôt que dans la réflexion patiente et mûrement explorée intérieurement avant de s’exprimer. L’honnête réponse qu’est « je ne sais pas… » ou « je dois y réfléchir… » n’était pas acceptée. Elle était même dévalorisée, voire sanctionnée. Quant au silence ou un simple sourire en guise de désintérêt envers le sujet de la question, n’en parlons même pas. C’était un affront.

Nous avons donc été poussés très tôt à nous exprimer sur tout et n’importe quoi, tout le temps, que nous fussions intéressés ou non par le thème abordé.

Je parle, tu parles, il parle, nous parlons…

Voilà donc d’où nous partons. Ne soyons donc plus surpris la prochaine fois que nous nous trouvons dans une situation où nous réagissons finalement comme un écolier interrogé au tableau devant sa classe. Ce passé commun nous pousse à réagir, à combler le vide de réponse ou de réaction de notre part. Nous nous sentons très souvent obligés de démontrer notre capacité à répondre, à communiquer, à participer à n’importe quel sujet, que ce dernier nous intéresse réellement ou pas, et que nous ayons déjà étudié personnellement la question ou non.

Nous avons également tendance à sortir presque toujours la même réponse aux mêmes questions et à avoir la même réflexion sur les mêmes sujets. C’est ce que nous avons appris à faire. Difficile donc d’avoir une véritable pensée libre et des réflexions actualisées selon nos toutes dernières expériences et introspections sur le sujet. Et pourtant, une parole plus consciente est possible. Il suffit, une nouvelle fois… de s’autoriser à ralentir.

S’accorder le temps de la véritable liberté d’expression

Si vous vous êtes plongé dans l’univers que propose le ralentissement momentané et volontaire de vos mouvements, présenté dans l’article « En 2017, je ralentis », vous aurez constaté que ce rythme se trouve être celui de la véritable qualité de l’existence. Vous y avez sûrement fait l’observation qu’il s’agit là d’une expérience directe de pleine conscience, de pleine présence, et, au final, que vous venez donc d’accéder durant un instant au véritable rythme dans lequel évolue toutes les autres espèces vivantes sur la planète.

Le fait est qu’en agissant autrement, les choses se passent ensuite différemment.

Pour accéder à une parole tout aussi consciente, il suffit donc d’employer la même recette. En revanche, il ne s’agit pas cette fois de parler très lentement, mais plutôt de vous accorder un espace de conscience lors de vos discussions. Il est ainsi question de ne plus se laisser imposer le rythme de la conversation. Un profond changement dans la qualité de votre parole peut s’exercer rien qu’en vous autorisant par exemple une simple et consciente inspiration puis expiration avant de vous exprimer, ou en y procédant durant l’écoute de la personne qui est en train de parler. Faites l’essai à la prochaine occasion, et observez la différence.

Un espace de recul aux bienfaits illimités

En ralentissant volontairement votre rythme intérieur, et en incluant ces brèves latences dans vos échanges quotidiens, l’effet aisément observable est que votre écoute s’accroît instantanément. Votre pensée s’en trouve également plus calme, plus organisée et plus consciente des mots que vous employez. Ces derniers sont mieux choisis, mieux employés, de manière plus appropriée. Votre réponse fait soudainement appel à l’ensemble de votre potentiel, de vos capacités, de vos connaissances et expériences sur le sujet. Votre pensée est actualisée, plus perspicace, et elle mène à une réponse bien plus honnête, authentique, unique et originale.

En développant cette nouvelle tranquillité de la parole, votre conscience s’élève automatiquement au cours des discussions. Cette conscience vous fera d’ailleurs sans doute détecter les (nombreux) moments où vous-mêmes ou vos interlocuteurs vous mettez à parler depuis un état de réflexe irréfléchi ou à adopter des comportements inconscients visant à conserver le dessus sur la conversation. Vous apprenez ainsi à vous détacher de toute attitude nuisible à la qualité d’une discussion et à vous en préserver.

Vous constaterez également qu’il vous devient bien plus aisé qu’auparavant d’employer la simple et humble réponse « je ne sais pas » ou de vous sentir libre de ne pas participer à telle ou telle conversation. Le silence sera privilégié sans qu’aucune gêne ne soit désormais éprouvée. Il se peut même que vous observiez à quel point, au-delà des mots que vous pouvez employer, c’est bel et bien l’espace intérieur depuis lequel vous parvenez à vous exprimer qui est gage de la conscience et de la qualité de vos pensées puis de votre parole.

C’est sans doute seulement depuis ce vaste espace intérieur imprégné d’une immense qualité que ce court texte de sagesse millénaire prend son sens : « Ne parlez pas, à moins que vous puissiez améliorer le silence.»

D’après un texte original de C.C. ATMAN, inspiré du livre dont il est l’auteur «Espèce d’abrutis, ou le réveil de l’humanité» dont vous pouvez feuilleter les premières pages en cliquant l’image ci-dessous:

Les précédents articles à consulter :

Prendre le temps de parler en conscience, un concept à développer et partager avec vos amis : 

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