Purin de plantes : guide des fertilisants naturels, répulsifs et fongicides

Le purin est indispensable pour un jardin et un potager aussi naturels que possible. Ortie, consoude, sureau, rhubarbe, pissenlit… : selon la plante utilisée, le purin agira comme fertilisant, répulsif ou fongicide. Faire son purin de plantes est très facile. Dans cet article, découvrez comment le réaliser et l’utiliser, mais aussi quelles plantes choisir en fonction des besoins de vos plantations…

©Rustica

Jardiner sans produits phytosanitaires devient facile avec le purin de plantes

Le purin : une alternative écologique pour un jardin naturel

Le terme purin s’applique aux extraits de plantes sauvages. Il est néanmoins utilisé en langage courant pour désigner une alternative écologique pour entretenir et soigner les plantes. Pour être précis, sous le terme d’extraits de plante, il faut retenir qu’il existe plusieurs procédés de mise en oeuvre que nous allons détailler.

Utilisées à bon escient, ces recettes sont essentielles pour entretenir votre jardin de manière écologique. En effet, ces extraits de plantes riches en nutriments s’utilisent comme fertilisant, insecticide, répulsif ou fongicide.

Il faut distinguer d’une part, les purins dont la dénomination officielle est « extraits fermentés », et d’autre part les macérations, infusions et décoctions. Le but est toujours le même : extraire les principes actifs des plantes sauvages aux propriétés intéressantes comme l’ortie, la prêle, la consoude, etc. La différence essentielle entre les 4 procédés d’extraits de plante est que le purin macère plus longtemps que les autres, d’où le processus de fermentation.

Le purin : l’extrait de plantes aux nombreux atouts

Véritables concentrés nutritifs et 100% biodégradables, les extraits de plantes ont de nombreux atouts :

  • Riches en nutriments : azote, potassium, oligo-éléments et sels minéraux.
  • Stimulent la croissance des cultures.
  • Renforcent leurs défenses immunitaires pour les protéger des insectes et des maladies.
  • Peuvent être utilisés de manière préventive ou curative.

Ils sont également très simples à réaliser, ils ont juste à être dilués avec de l’eau (de préférence de l’eau de pluie) afin d’être utilisés.

Matériel pour réaliser son purin

  • Un récipient (seau, bidon) pour faire fermenter votre mélange. Il doit être d’un volume plus grand que celui de la préparation (par exemple, pour faire 10 L de purin, utilisez un seau de 15 L).
  • Un couvercle pour le récipient.
  • Une passoire, un tamis, un morceau de tissu ou un filet à légumes assez fin, pour filtrer.
  • Un entonnoir pour transvaser.
  • Des récipients en plastiques opaques et hermétiques, pour stocker le purin : bouteilles, barils, etc.

Bon à savoir : Utilisez de préférence de l’inox pour les contenants. Évitez les autres métaux et le bois qui peuvent altérer ou stopper la fermentation.

Le choix des plantes

  • Pour la confection des extraits, vous pouvez utiliser des plantes séchées ou fraîches (tiges et feuilles).
  • Lors de la préparation, seul le dosage change : il faut en mettre à peu près 10 fois moins si la plante est sèche (100 g de plantes sèches = 1 kg de plantes fraîches).
  • Séchées elles ont l’avantage de pouvoir être stockées et utilisées à n’importe quel moment de l’année.

>> ATTENTION : ne mélangez pas plusieurs espèces de plantes lors de la confection de purin. Cela peut empêcher une bonne fermentation. Par contre, vous pouvez parfaitement faire des mélanges avec différents extraits réalisés séparément.

De l’eau de pluie de préférence

  •  Utilisez de préférence l’eau de pluie qui présente un pH plutôt acide et qui ne contient ni chlore ni calcaire.
  • Si vous utilisez de l’eau du robinet (non calcaire), laissez-la préalablement dans un récipient à l’air libre pendant 3 jours, en la brassant plusieurs fois. Le chlore va ainsi s’évaporer et ne bloquera pas la fermentation.

Petit conseil en + : Pour une bonne fermentation, il est préférable de faire son purin dans un endroit ni trop chaud, ni trop froid (12/20°), où les températures varient peu. Le temps de fermentation dépend de la température : plus elle est élevée plus la fermentation est rapide.

Les 4 recettes d’extraits de plantes

1. Le purin ou extrait fermenté


Il s’agit d’une mise en fermentation contrôlée, de fragments de plantes dans l’eau de pluie.

Comment réaliser du purin ?

Pour tous les types de purins, le dosage est de 1 kg de plante hachée (au choix selon le besoin) pour 10 L d’eau de pluie.

  1. Hachez les plantes, pour libérer leurs substances actives.
  2. Dans un récipient, recouvrez les plantes hachées avec l’eau.
  3. Couvrez le récipient pour le protéger de la pluie et des insectes. Le couvercle ne doit pas être hermétique et le gaz doit pouvoir s’échapper.
  4. Laissez macérer plusieurs jours (environ 15 jours, selon la température ambiante).
  5. Brassez le mélange, 2 fois par jour. Lorsque de petites bulles d’air se forment, c’est signe que la fermentation est en cours.
  6. Lorsqu’il n’y a plus de bulles de fermentation lorsque vous brassez, vous pouvez filtrer.
  7. Mettez au compost les résidus de filtration.

Le purin se conserve plusieurs semaines dans un endroit frais.

Comment utiliser le purin ?

En arrosage

  • Diluez le purin à 20 %, soit 2 L de purin pour 10 L d’eau.
  • Pour fertiliser, le purin s’utilise en arrosage au pied des plantes.

En pulvérisation

  • En répulsif, fongicide ou insecticide, le purin s’utilise en pulvérisation.
  • Diluez le purin à 10 %, soit 1 L de purin pour 10 L d’eau, sauf cas contraire.
  • Pulvérisez-le sur toute la plante, y compris et surtout sur le dessous des feuilles.

Quelles plantes pour quels besoins ?

Purin de consoude : Fertilisant et stimulant

  • Dilué à 20 % en arrosage ou à 5 % en pulvérisation.
  • Il améliore la structure du sol, régularise la croissance des plantes.

Purin d’ortie : Fertilisant et stimulant

  • Dilué à 20 % en arrosage et en pulvérisation.
  • Il renforce les plantes et favorise la photosynthèse.

Purin de pissenlit : Fertilisant et stimulant

  • Dilué à 5 %, arrosez au pied des plantes au printemps et en automne.
  • Il améliore la structure du sol et régularise la croissance des plantes.

Purin de fougère mâle : Insecticide

  • Pur, il est efficace contre les pucerons et la cicadelle de la vigne.
  • Dilué à 10 % et pulvérisé 2 fois avant plantation, répulsif contre le taupin sur pomme de terre.

Purin d’absinthe : Répulsif

  • Pulvérisé pur sur le sol, il repousse les limaces.

Purin de prêle : Fongicide

  • Dilué à 10 % et en pulvérisation, il est curatif et préventif pour le mildiou, oïdium, tavelure, rouille.

Purin de tanaisie : Répulsif et fongicide

  • Dilué à 20 %, en pulvérisation sur toutes les parties aériennes et revers des feuilles des plantes que vous désirez protéger des parasites ou des maladies fongiques.

2. La macération


C’est une préparation consistant à laisser tremper les plantes coupées, dans l’eau de pluie à température ambiante, pendant 1 journée avant de filtrer.

Comment réaliser une macération ?

Le dosage est de 100 g de plantes pour 1 L d’eau, sauf cas contraire.

  1. Hachez les plantes, pour libérer leurs substances actives.
  2. Dans un récipient, recouvrez les plantes hachées avec de l’eau froide (16 à 20°C).
  3. Laissez macérer 24 h maximum.
  4. Puis filtrez.

La macération ne se garde pas et doit être utilisée dans les heures ou, au plus tard, dans les 2 jours qui suivent.

Comment utiliser une macération ?

En pulvérisation

  • Selon les plantes choisies pour la recette, la macération devra être diluée ou utilisée pure.
  • Pulvérisez-la sur toute la plante, y compris et surtout sur le dessous des feuilles.

Quelles plantes pour quels besoins ?

Macération de rhubarbe : Répulsif

  • Dosage de 500 g de feuilles pour 3 L d’eau pendant 24 h.
  • Diluez à 5 % et pulvérisez à 3 reprises pour repousser pucerons, chenilles et larves ainsi que les limaces.

Macération de sureau : Répulsif

  • Utilisée pure en pulvérisation autour des plantes.
  • Elle éloigne les taupes, campagnols et mulots.

Macération d’ortie : Répulsif

  • Non diluée et utilisée en pulvérisation foliaire.
  • Elle repousse les pucerons, acariens et vers des pommes.

3. L’infusion


Les infusions se font à partir de plantes (ou parties de plantes) peu ligneuses, et d’eau bouillante.

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Comment réaliser une infusion ?

Le dosage est de 1 kg de plantes pour 10 L d’eau.

  1. Hachez les plantes, pour libérer leurs substances actives.
  2. Dans un récipient, plongez les plantes coupées dans l’eau froide.
  3. Portez-les à ébullition.
  4. Dès ébullition, retirez du feu et laissez infuser avec un couvercle, jusqu’à refroidissement.
  5. Filtrez.
  6. Stockez 2 jours au frais avant utilisation.

L’infusion doit être utilisée directement après le stockage au frais.

Comment utiliser une infusion ?

En pulvérisation

  • La macération s’utilise principalement en pulvérisation.
  • Diluez à 10 %, soit 1 L de macération pour 10 L d’eau, avant de pulvériser, sauf cas contraire.

Quelles plantes pour quels besoins ?

Infusion de capucine : Fongicide

  • Diluée à 30 %, contre le mildiou de la tomate.
  • Utilisée pure contre le chancre des arbres fruitiers.

Infusion de sureau : Fongicide

  • Contre la rouille, mildiou, oïdium, etc.

Infusion d’ortie : Répulsif

  • Dilué à 5 %, contre les pucerons, acariens et carpocapses.

4. La décoction


La décoction est obtenue en faisant bouillir les plantes.

©Rustica

Comment réaliser une décoction ?

Le dosage est de 1 kg de plantes pour 10 L d’eau.

  1. Hachez les plantes, pour libérer leurs substances actives.
  2. Dans un récipient, plongez les plantes coupées dans l’eau froide pendant 1 journée.
  3. Faites bouillir les plantes pendant 30 minutes environ, avec un couvercle.
  4. Laissez refroidir sous couvercle.
  5. Filtrez.

Utilisez la préparation le plus tôt possible, elle ne peut être stockée que 2 jours maximum.

Comment utiliser une décoction ?

En pulvérisation ou arrosage

  • Selon les plantes choisies pour la recette, la décoction devra être diluée ou utilisée pure.
  • Arrosez les pieds ou pulvérisez sur toute la plante, y compris et surtout sur le dessous des feuilles.

Quelles plantes pour quels besoins ?

Décoction d’ail : Insecticide et fongicide

  • Utilisée pure en arrosage contre la fonte des semis, la cloque du pêcher et la pourriture du fraisier.
  • Diluée à 5 %, elle lutte contre les pucerons, acariens, et la mouche de l’oignon.

Décoction de prèle des champs : Fongicide

  • Diluée à 5 % : préventif et parfois curatif contre de nombreuses maladies (mildiou, oïdium, tavelure, cloque, etc.)
  • Elle éloigne aussi le ver du poireau et l’araignée rouge.

Précautions d’utilisation des extraits de plante :

  • Ne traitez pas les plantes qui sont en manque d’eau. Arrosez-les 1 ou 2 jours avant le traitement.
  • N’appliquez pas de traitement juste avant une pluie. Il serait lessivé et rendu inefficace.
  • Il est recommandé de respecter au minimum un délai de 2 ou 3 jours avant de consommer les plantes traitées et rincées.
  • Évitez de traiter les plantes si le jardin est en plein soleil ou s’il est exposé à un vent fort.
  • Préférez utiliser les extraits de plantes toujours tôt le matin ou alors tard le soir.
  • Pour éviter un accoutumance, notamment pour les traitements répulsifs, n’hésitez pas à varier les traitements.
  • Respectez un intervalle de temps entre 2 utilisations (10 à 15 jours pour des légumes).
  • Ne traitez pas pour guérir et stimuler en même temps.

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur le purin et extraits de plantes, je vous conseille l’ouvrage : Purin d’Ortie & Cie, de Bernard Bertrand et Jean-Paul Collaert.

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Sources et références :
RusticaUn jardin bioMon jardin en permaculture

Dans le jardin et potager c’est objectif Zéro phyto. Protéger les plantes de manière écologique est indispensable. Partagez ces recettes de purin naturel autour de vous :

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