Sommes-nous à notre place ?

Sommes-nous à notre place ? J’aurai énormément de choses à dire sur le sujet, je vais essayer de faire court et de ne pas m’égarer. Voici un exemple qui résume ma pensée. Lorsqu’on leur demande s’ils ont un chien, j’entends souvent une réponse du genre : « non, j’aimerais bien mais je n’ai pas de jardin, seulement un balcon, le pauvre chien il deviendrait dépressif. » Ce qui est étonnant, c’est que ce constat est fait par des gens qui passent la plupart de leur temps enfermés… les mêmes qui n’envisagent pas de voir un chien constamment enfermé… comme eux le sont !

Amandine en pleine séance de reconnection

Préambule : Antoine est parti à l’aventure de nouveau. Pour ce deuxième tour du monde, Amandine est avec lui. Leur périple a débuté le 5 janvier dernier, quand ils ont décollé de Paris, direction le continent sud-américain… Actuellement Antoine et Amandine sont quelque part au fin fond du Mexique. Entre deux excursions, les pensées se bousculent, nourries par les magnifiques endroits visités et les rencontres extraordinaires qui jalonnent leur périple. Antoine se demande si, nous autres humains sommes vraiment à notre place, là où nous vivons, de la façon dont nous vivons ?

Sommes-nous à notre place ?

En fait, nous faisons facilement ce constat que les animaux -et même les plantes- ont des besoins particuliers pour vivre et doivent être préservés de certaines situations pour survivre. Que ce soit un ours polaire dans un zoo ou un tigre dans une cage de cirque… aujourd’hui beaucoup de gens pensent et disent haut et fort que ces animaux ne sont pas à leur place. Mais retournons le sujet dans l’autre sens : et nous alors… sommes-nous à notre place ?

Nous vivons coupés de la nature

… dans d’immenses villes, où tout est bétonné. Nous nous sommes tellement coupés de la nature, que les municipalités sont obligées d’aménager des « espaces verts », de planter de misérables petits arbres toutes les vingt places de parking. Tout est fait pour nous donner un pathétique semblant de contact avec la nature. Revenons donc au zoo. Voir un animal vivant dans une cage bétonnée sans éléments naturels (comme à l’époque des premiers zoos)… nous serions indignés ! Mais alors pourquoi cette indignation ne nous vise-telle pas, pourquoi tant d’indulgence avec nous-mêmes ?

Antoine y va, on ne sait pas où, mais lui semble savoir…

Comme la plupart des animaux et plantes, nous avons besoin de soleil, mais nous passons la plus grande partie de notre vie enfermé dans notre maison ou au travail ! Même pour aller de l’un à l’autre, nous nous enfermons dans notre voiture, le bus ou le métro.

Alors on se dit que dimanche, on ira faire une promenade en forêt ou au bord de rivière. Super. Donc pour l’animal du zoo, si on lui laisse le droit de sortir au soleil deux heures par jour, ou une journée par semaine… tout va bien ? Pourtant non, là aussi, la situation nous indignerait. Mais alors pourquoi ne le sommes nous pas avec nous-mêmes ? Pourquoi cette vie « dénaturée » ne nous dérange pas plus que ça ?

Arrosons-nous nos plantes avec du Coca ? Du Sprite ? Du Redbull ? Non certainement pas ! Pourquoi ? Parce qu’on ne veut pas les tuer ! Mais… nous en buvons.

La question qui me vient naturellement : sommes-nous faits pour vivre le type de vie que nous menons ? Que ce soit physiquement comme psychologiquement ? Mère nature nous a fait naître, nous a-t-elle conçu pour qu’on se nourrisse d’autres choses que ce qu’elle nous fournit de base ? Nous a-t-elle fait pour que nous passions notre vie en intérieur ? Nous a-t-elle fait pour que nous nous éloignions d’elle ?

Ce n’est pas ce que je pense. Nous venons de la nature, nous sommes en elle comme elle est en nous. Nous sommes la nature. Et pourtant, plus le temps passe plus nous nous en écartons, ainsi nous nous éloignions de nous-mêmes… Pire encore, on nous apprend que la nature est dangereuse. En fait, nous lui tournons le dos, tant et si bien que nous avons le sentiment d’en être séparé.

Je pense que c’est là l’une des pires erreurs de l’humanité : oublier la nature, sa nature, renier les liens qui nous unissent à elle, essayer de la contrôler et même de la remplacer…

Non, je ne dis pas « tous à poil dans les bois ! », mais quand même, n’avons-nous pas perdu notre chemin, n’avons-nous pas marché trop longtemps sans tenir la main de Pachamama ? (voir Pachamama sur Wiki)

On a voulu la facilité, la rapidité, la quantité

Prenons l’exemple du peuple français, plus précisément de la jeunesse : combien connaissent les plantes et les arbres qui les entourent ? Qui connait les plantes comestibles de notre territoire ? Combien d’entre nous savent se nourrir dans cette nature si proche ? Combien sont capables de gérer un potager ? De trouver de l’eau ?

Ces choses ancestrales peuvent paraître archaïque, voir même inutile dans  notre société moderne. Mais pourtant, n’est-ce pas ça la vie ? Ne devrions-nous pas connaître ces choses premières et vitales ? Ce sont ces bases de l’interaction le l’Homme et de la nature qui ont permis à l’humanité de se développer.

Oui mais aujourd’hui ça ne sert à rien de savoir tout ça ! Va manger au Mcdo, bois ton Starbucks puis c’est tout.

Certains peuvent penser que ce monde actuel, de modernisation, d’urbanisation, de capitalisme… est le monde pour lequel nous avons été créés. Cela laisse à penser que nous sommes fait pour naître et vivre en ville et non pas au contact de la nature. Dès le départ l’Homme renie sa propre nature, il renie son origine et change sa destiné. Voilà, c’est ça qui me panique, plus le temps passe, c’est notre stérilisation face à la Nature.

Au détour d’une ruelle, quelque part au Mexique

J’ai déjà parlé avec des enfants en France qui ne se sont jamais baignés dans une rivière, qui n’ont jamais vu une ferme, des vaches, des poules. C’est à croire que l’école apprend aux enfants que la nourriture est créée par l’industrie, que le lait sort d’un entrepôts, que les œufs sont pondus pas des machines…

Le jour ou le Monde sera en panne

Des fois le soir il m’arrive d’imaginer différents scénarios qui font que le système ne puisse plus nous satisfaire, comme une crise monétaire, un événement climatique majeur, une guerre, des ressources énergétiques insuffisantes, un gros bug internet… et si la production s’arrêtait ?

Si les magasins n’étaient plus ravitaillés ? Si l’électricité n’arrivait plus jusque dans nos prises murales ? Etc. Que feraient le peuple ? Oui c’est vrai, il y a encore des fermiers, agriculteurs qui s’en sortiraient. Mais pour tous les autres, que se passerait-il ? Que feraient les gens une fois le frigo vide ? Que pourraient-ils faire, beaucoup n’ont même plus de jardin ?!

En vérité nous serions perdus. Imaginez-vous dans cette situation pour voir. Moi aussi je serais paumé au début, si demain nous ne dépendions que de nous et non pas du système. Qu’est ce qu’on ferait ? On ne saurait même pas par où commencer ! La nature est là, mais d’avoir tant cherché à faire sans elle, nous ne savons plus comment faire avec elle.

Je ne cherche pas à faire de ce texte une critique, mais juste une remise en question, une pensée que chacun devrait avoir en tête. Que chacun se rendre compte que nous marchons vers un avenir incertain sans tenir la main de notre mère, Dame nature. Le pire c’est que nous savons tous que le système tel qu’il fonctionne n’est pas éternel. Il aura une fin que des limites connues imposent.

Le monde de demain nous appartient

Qui dit fin d’un système, dit création d’un nouveau. Alors ne refaisons pas encore l’erreur de créer une société sans nature, un monde dénaturé. Commençons dès maintenant. Revenons à elle et réapprenons d’elle. Pour cela, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Le peuple, nous, toi et moi, personne ne doit attendre d’aide extérieure pour retrouver la nature, car ni l’industrie qui la détruit, ni les institutions qui en profitent ne nous poussent à renouer le lien sacré à la nature, qui est pourtant notre meilleur et seul gage de survie.

Quelque part en Inde, lors d’un précédent voyage…

On peut commencer simplement. Une ballade en foret en famille ce n’est pas rien. Les écoles aussi peuvent organiser plus de sorties dans la nature, à la ferme. On pourrait aussi mettre des potagers dans chaque école, une petite ferme, et les élèves apprendront à s’en occuper. On peut même envisager d’appliquer ça à échelle des municipalités.

Apprenons de ceux qui ont conservé les connaissances de base utiles à la vie

Oui, apprenons des peuples des pays du sud qui ont encore beaucoup de notions sur ces domaines. Apprenons vite d’eux, avant que la mondialisation ne leur fasse oublier leur savoirs vitaux, comme elle nous les a fait oublier. Souvent en voyage, quand je marche et que j’observe les habitants dans leurs occupations de tous les jours, ils me ramènent toujours à cette pensée. Des gestes simples c’est vrai, mais quand je vois qu’ils sont réalisés si naturellement, je me dis :

moi aussi je veux faire comme ça, moi aussi je veux savoir vivre ainsi, je veux être comme ces gens qui connaissent ces choses simples et vitales

Je veux faire comme le pécheur que je vois revenir avec ses poissons, les vider dans la mer, les écailler sur un cailloux. Je veux être comme la mère de famille qui lave son linge en groupe, en chantant avec ses amis, les mains dans la rivière, l’esprit dans la bonne humeur. Je veux être comme le papy dont le travail est de s’occuper de son potager et de ses poules. Leur vie me parait plus logique, elle a plus de raison. Je pense qu’ils réalisent vraiment ce dont ils ont besoin pour vivre. Ils ont cet échange direct avec la nature que nous n’avons plus.

Se réinventer une vraie vie

Nous jetons notre linge dans la machine, il en ressort propre. Sur combien de machine à laver que vous lancez, vous demandez-vous de quel fleuve, rivière, source, nappe, provient cette eau qui lave votre linge ? Probablement jamais, parce que laver son linge est devenu quelque chose de si rapide et facile, exécuté comme un réflexe.

Nous achetons notre viande prête et emballée, pratique pour évacuer la notion de la souffrance animale. Nous avalons notre fromage sans même connaître son chemin jusque dans notre assiette, sans même se demander ce qui s’est passé pour que le lait soit transformé en fromage avant d’être porté à notre bouche.

Dans notre vie moderne, tout nous arrive tout fait. Tout se passe ainsi, presque automatiquement sans que nous le remarquions. Notre vie se résume à appuyer sur des boutons pour faire ceci ou obtenir cela, donnant l’impression de ne pas mener sa vie par soi-même. Alors sommes-nous vraiment à notre place ? Ne nous faut-il pas revoir notre manière de vivre, en commençant par nous demander ce qui nous est vraiment nécessaire ?

Namasté

Texte original sur antoinesurlesroutesdumonde.com

Voyager à la découverte des lieux du bout du monde, y rencontrer des gens qui vivent autrement. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça fait cogiter ! Je souhaite à chaque jeune personne, adulte en devenir, de faire l’expérience du voyage. Partagez ce texte d’Antoine pour susciter l’envie de l’aventure : 

notre place