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« L’insoutenable légèreté de l’être » : ce livre qui obsède mes pensées

insoutenable légèreté
Image du film tiré du livre et réalisé par Philip Kaufman

Le roman est une méditation sur l’existence vue au travers de personnages imaginaires.

-Milan Kundera-

« L’insoutenable légèreté de l’être » : ce livre qui obsède mes pensées

Non seulement L’insoutenable légèreté de l’être est mon livre de chevet depuis des années, mais c’est également l’ouvrage que j’ai le plus offert à ceux que j’aime, au cours de mon existence.

J’ai découvert ce livre lorsque j’étais encore étudiante et il est devenu depuis, une sorte de bouée de secours dans les moments difficiles. Il agit sur moi comme une thérapie, il m’aide à mettre des mots sur ce que je ressens.

Je viens de le refermer pour la énième fois…

A chacune de mes relecture, j’entre dans l’histoire dès les premières pages et je n’arrive pas à m’arrêter ; je dévore les pages une à une. Jamais des personnages ne m’ont semblé aussi vrais, aussi crédibles, aussi profonds. Je corne les pages pour en retenir les passages les plus intenses. Je suis émue, je suis en colère, je médite, j’imagine… Je me sens très proche des personnages et, je l’avoue, je m’identifie à eux.

insoutenable légèreté
Milan Kundera nationalisé Français en 1981

C’est incroyable comme Kundera arrive à mettre des mots sur des sensations que je n’ai jamais su déchiffrer auparavant, des sensations que je ne m’expliquais pas.

Une remise en question perpétuelle

L’insoutenable légèreté de l’être n’est pas qu’un simple livre d’amour. Il déborde de sens, suscite mille réflexions et invite à méditer sur les choses de la vie. Je capte l’essence de son message dès les premières lignes. Je me laisse porter par les personnages fictifs, mais tellement réalistes, je suis à la fois bouleversée et je me sens bien, plus légère.

L’histoire d’amour de Tomas et Tereza est la plus renversante et la plus belle que j’ai lu dans mon existence. Elle me confirme qu’il ne suffit pas d’aimer quelqu’un pour être heureux. Au contraire, on peut souffrir d’aimer une personne et on peut également la faire souffrir sans le vouloir, parce qu’au fond de nous, bien que l’on aime la personne, on ne parvient jamais à changer réellement.

C’est là tout le malheur de Tomas qui ne cesse de faire souffrir sa femme, Tereza, avec son infidélité, sa nature libertine. Il veut posséder les femmes mais il n’en aime qu’une. Tereza, quant à elle, est, de son côté, esclave de sa passion pour son homme.

Pourquoi certains d’entre nous ont-ils le sentiment d’assister au spectacle de leur vie sans y participer, tandis que d’autres se lancent et agissent avec aisance ? À travers la souffrance de Tomas, je prends conscience de ma propre indétermination sur certains pans de ma vie. Ce qu’il ressent comme de la lâcheté, je le perçois aussi.

L’homme ne peut jamais savoir ce qu’il faut vouloir, car il n’a qu’une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures, ni la rectifier dans des vies ultérieures.

Cette nécessité de vivre du premier coup, sans répétition, le rend finalement incapable de vivre.

Pour éviter de pleurer, elle était volubile, parlait fort et riait.

L’insoutenable légèreté de l’être est un livre de réflexion sur la vie, sur le temps qui passe, sur l’amour de l’autre, l’amour avec un grand A, celui de l’âme humaine ; un livre aussi sur l’amour physique, l’amour des animaux également, mais également sur l’incompréhension entre les êtres, la trahison, le courage, l’honneur et l’engagement politique.

Les personnages interagissent avec une seule obsession en tête : donner un sens à leur vie. Cette méditation sur soi-même devient aussi mon obsession, page après page, relecture après relecture…

Des destins croisés entre quatre personnages, Tereza, Tomas, Sabina et Franz ; sur un fond de printemps de Prague et d’envahissement de la Tchéquie par les Russes. Tous ces éléments réunis contribuent à créer une atmosphère envoûtante.

Un roman qui invite à la méditation

Kundera a le talent de dépeindre nos sensations intimes et, la plupart du temps, inexprimables par le verbe. L’ouvrage entier est bâti sur les différents ressentis des deux couples principaux de l’histoire.

Tomas et Tereza sont les deux pôles du roman. Faut-il choisir de porter le poids du passé sur ses épaules, comme Teresa qui ne peut se passer de la Tchécoslovaquie qu’elle a pourtant fuie après le Printemps de Prague ? De même qu’elle ne peut vivre sans Tomas, ce mari qu’elle chérit d’un amour jaloux et, de fait, à jamais insatisfait ? Ou bien faut-il préférer à cette pesanteur la légèreté de l’être qui caractérise Tomas ?

On suit également Sabina, la maîtresse principale de Tomas, une artiste peintre hostile à toute forme d’ingérence dans la pensée, comme dans les actes. Et enfin, Franz, son amant, archétype de l’homme droit et fiable, qui vit cette relation adultère comme une torture. Tous voient leur vie basculer dans une tournure à la fois politique et psychologique.

Un roman psycho-philosophique

Qu’est-ce qui nous pèse et qu’est-ce qui nous libère ? Cherchons-nous l’amour réel et sincère ou l’aventure légère et fugace ? À quel point nous ignorons-nous, et jusqu’où sommes-nous capables de nous découvrir ?

Dans chaque vie on trouve la légèreté et l’apesanteur, mais qu’est-ce que la légèreté ? Qu’est-ce que la pesanteur ? Qu’est-ce qui est négatif et qu’est-ce qui est positif ?

Notre vie quotidienne est bombardée de hasards, plus exactement de rencontres fortuites entre les gens et les événements, ce qu’on appelle des coïncidences (…) mais on peut avec raison reprocher à l’homme d’être aveugle à ces hasards et de priver ainsi la vie de sa dimension de beauté.

Je lis Tomas, je ressens Teresa et je vis intensément leurs tribulations. C’est comme si je faisais partie intégrante de leur vie. Je les aime et les déteste, car ils m’obligent à me confronter à mes angoisses. Avec eux, je découvre toutes les couleurs de ma psyché et de mes sentiments : moi, le couple, l’égoïsme, mes névroses, la solitude, le bonheur, l’envie, le désir… les désirs ; paix, remord, malheur, tristesse, infidélité…

Un livre puissant dont les réflexions marquent ma mémoire de lectrice à jamais. Je le referme pour la énième fois… pour sans doute le rouvrir plus tard, une fois encore. L’insoutenable légèreté de l’être est, à mes yeux, l’un des plus grands romans du XXème siècle. Sa place se trouve parmi mes meilleurs crus bibliographiques.

Un texte de Sophie Guittat

Je ne saurais que trop vous le recommander… à lire à plein mots, sans concessions !

Milan Kundera : Fiche Wikipédia de l’auteur

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6 commentaires
  1. Béatrice dit

    Bonjour,
    oui, une expérience de lecture, à, éventuellement, partager 🙂

  2. Daniela Procacci dit

    je l’ai lu, évidemment en tchèque, étant née à Prague et de mère tchèque. Cela me fait plaisir que même dans une autre langue (cela veuti dire aussi qu’il a été très bien traduit) on arrive à capter l’essentiel. il faudra que je le relise, car cela fait bien longtemps que je l’ai lu. Merci pour votre partage positif!

    1. Amélie dit

      Kundera traduisait lui-même ses romans. Il me semble qu’il ėcrivait en français aussi directement. 🙂

  3. Sirieix dit

    Merci pour cet article. J’aime ce livre, il m’a marquée et j’aime le relire, le reprendre pour revisiter cet univers . J’ai aussi été plus que touchée par « la vie devant soi » de Romain Gary,

  4. Lorelei dit

    C’est aussi mon roman préféré. Je l’ai offert récemment à un copain que j’apprécie . J’espere qu’il l’aimera et aussi qu’il l’aidera à y voir plus clair…

  5. Margaux dit

    Je l’ai refermé il y a deux jours et je sais qu’il me marquera pour toujours.

Les commentaires sont fermés.

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